Le nouveau visage de l’athlétisme au Fly Europe à Paris

Renaud LavillenieAu cœur de Paris, dans le parc André Citroën, la compétition Fly Europe a fait le bonheur des passants. La capitale française, avec cinq autres villes d’Europe a décidé de rejoindre Berlin dans l’organisation de meetings gratuits hors des stades, au cœur de la ville et au plus près du public. En tête d’affiche, le français Renaud Lavillenie a remporté l’épreuve de perche avec 5,80m.

Depuis 2011, Berlin organise l’évènement sportif populaire « Berlin Fliegt » (littéralement, Berlin vole). Imaginé par Franck Liebert, cette compétition prenait ses quartiers sur la Pariser Platz, avec la porte de Brandebourg pour décor. Les éditions se suivent et le succès est toujours au rendez-vous avec une foule enthousiaste face au spectacle.

Ce concept de sortir les athlètes des stades pour se rapprocher de leur public n’est pas nouveau mais devient de plus en plus courant. Un bon moyen de promouvoir ce sport et ses stars et toucher un public qui ne viendrait pas dans les stades en venant tout simplement à lui.

Paris est donc depuis cette année la deuxième étape (après Berlin) d’un nouveau circuit de compétition au cœur des villes. Ce 21 septembre dans le parc André Citroën à Paris, la foule n’était pas franchement au rendez-vous, mais le public oui. En raison de la sécurité, tous les lieux emblématiques de la capitale ont été refusés. Un lieu assez anonyme donc, en comparaison à la porte de Brandebourg à Berlin.

Mais malgré une affluence modeste, le public présent était ravi de ce spectacle digne des stades nationaux. Les athlètes ont pu, le temps de leur démonstration, prendre le temps d’échanger avec le public. Ce public qui pour la plupart, les ont découvert sur les écrans TV pendant les JO.

Cinq pays européens étaient représentés ; L’Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Espagne, la France et l’Italie. La star de la journée était sans conteste le Français Renaud Lavillenie, qui avec ses 5,80m a enchanté le public, tout en signant son 115ème concours au-dessus de cette hauteur.

Si ces meetings hors des stades ne sont pas des lieux particulièrement propices aux performances, il ne faudrait pas ranger ces manifestations dans la case des galas sans envergure. Sur une place de Belgrade, la sauteuse en longueur Ivana Spanovic, auréolée de bronze olympique a battu son record national avec 7,10m. Le panel des invités est aussi appelé à devenir plus prestigieux. Traditionnellement, s’aligne une ou deux tête d’affiche assortie d’autres athlètes peu connus. Mais la tendance est au changement. Ainsi, Le Great North Run de Manchester a déjà accueilli le roi Usain Bolt.

Au-delà de la performance, ce type de meeting représente surtout l’occasion pour l’athlétisme de se rapprocher de son public, voire d’en conquérir un nouveau. L’enjeu étant bien sûr moins de faire des performances que de toucher le plus grand nombre.

Ainsi, le format de la compétition parisienne s’est adapté au public et au lieu. Loin d’une compétition officielle, dont le déroulement et le règlement reste opaque pour un oeil non averti, seules trois épreuves étaient au programme : la perche homme, la longueur dame et le sprint masculin.

En outre, de nouvelles règles adaptent ces disciplines au format du spectacle hors stade. Ainsi, au sprint, c’est la pointe de vitesse (mesurée par des capteurs) qui détermine le vainqueur de la course. Les résultats sont aussitôt relayés sur des écrans géants pour le public. Pour la perche, la montée de la barre, plutôt fastidieuse, se fait par les athlètes qui choisissent eux même la hauteur qu’ils désirent.

Changer les règles et devenir plus attrayant pour le grand public fait partie intégrante du concept. D’aucuns diront que le sport devient du spectacle, plus un show qu’une performance classique. Mais n’est-ce pas le prix à payer pour que le spectateur potentiel se penche sur ce sport et y trouver un intérêt? Le sport vit grâce à son public. Voir et vendre est donc un aspect incontournable. L’objectif étant de promouvoir de façon différente ce sport, souvent confiné dans des stades.

Des javelots qui volent entre les buildings de la Potsdamer Platz à Berlin, un concours de lancers de marteau au-dessus du fleuve Oder en Pologne…les athlètes sortent de leur stade-cocon, pour se mesurer les uns aux autres dans des lieux insolites. C’est plutôt une bonne nouvelle de les voir descendre de leur piédestal de dieux du stade, se rapprocher du commun des mortels et offrir des scènes surréalistes au cœurs de notre vie quotidienne. Car leur rôle premier est de nous faire rêver.

Image: Renaud Lavillenie (AFP/Getty Images)

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