RIO 2016: Le bilan de l’athlétisme français

Kevin MayerRio c’est fini. Vient à présent le temps du bilan. Avec 42 breloques, le record du total de médailles réalisé à Pékin est battu. 10 titres olympiques, 18 médailles d’argent et 14 en bronze, la France n’a pas à rougir de sa performance.

A noter que l’athlétisme avec la boxe et le judo à été un des principaux pourvoyeur de métal. Alors certes, parmi les 6 médailles, on peut regretter l’absence d’or.

Cependant, chacune d’entre elle témoigne d’une olympiade faite de hauts, de bas et d’émotions. Des performances qui pour certaines, valent tout l’or olympique du monde.

1. Mélina Robert Michon, la persévérance

La concrétisation après cinq olympiades. Après un concours de qualification maîtrisé, Mélina Robert-Michon a assumé son statut de candidate au podium avec un second jet à 66m73, battant au passage son propre record de France. On ne compte plus ses titres de championne nationale. Elle a été vice championne du monde en 2013 à Moscou. La médaille olympique manquait à son palmarès, elle y a remédié d’une très belle manière en montant sur la deuxième marche du podium, derrière la Croate Sandra Perkovic (69m21). Une médaille qui semble être la plus méritée. Le fruit, selon ses dires, de 20 années de travail. La discobole  a atteint l’accomplissement de sa carrière sur un plateau d’argent.

2. Christophe Lemaître, la résurrection

Il l’a attendu longtemps cette médaille. Pour trois petits millièmes, le savoyard, qui a retrouvé son célèbre finish, s’est jeté sur la ligne et a arraché la médaille de bronze. Il signe ainsi sa renaissance au plus haut niveau. Le sprinter termine en 20″ 12 derrière le duo de tête,  Usain Bolt et André de Grasse, intouchables avec respectivement 19″78 et 20″02. Il s’en est fallu de peu pour que le Britannique Adam Gemili (20″12) ou le Néerlandais Churandy Martina (20″13) ne le prive de cette joie intense. Les bras en l’air, les yeux au ciel, hurlant de bonheur, Lemaître a prouvé à tous ceux qui ont voulu l’enterrer qu’il fait encore les beaux jours du sprint français.

3. Dimitri Bascou, la confirmation

On se souviendra de ces qualifications du 110 mètres haies. Une pluie diluvienne, deux centimètres d’eau sur la piste et le tragique faux départ de Wilhem Belocian. Dimitri Bascou, loin de se laisser perturber a réalisé un sans faute dans cette épreuve de haies hautes. Avec une troisième place obtenue sur le fil en 13″24, l’élève de Giscard Samba casse derrière le surprenant Jamaïcain McLeod (13″05) et l’Espagnol Ortega (13″17). Dimitri Bascou et son compatriote Pascal Martinot Lagarde (quatrième en 13″29) confirment la forme actuelle des hurdlers français, désormais installés dans l’élite mondiale.

4. Kevin Mayer, le guerrier

10 épreuves sur deux jours, pas moins. Pour citer le nouveau vice-champion olympique au micro de Nelson Monfort: « Le décathlon c’est chiant, c’est dur mais c’est extra quand c’est fini ». Et quelle épopée: quatre records personnels battus, des records de saison battus ou égalé. Au final, un total de 8834 points qui fait sauter un record de France vieux de 26 ans et la fin d’une disette de 68 ans sans médaille olympique dans la discipline. Kevin Mayer à réussi à titiller le dieu de la discipline et recordman du monde, l’Américain Ashton Eaton. Ce dernier à même lâché un « I love you » au français à la fin du 1500 mètres. Cette performance a nécessité un travail de titan pour se hisser à ce niveau de performance. L’athlète de 24 ans ne sais pas encore s’il sera là pour Tokyo.

5.Renaud Lavillenie, la tristesse

Habitués aux victoires régulières du perchiste, le public français a découvert un Renaud Lavillenie, faillible et humain. Il rapporte tout de même une médaille d’argent dans ses valises, même si cette dernière gardera un goût amer. Non pas à cause du fond, cela reste un médaille olympique, mais de la forme. La polémique des sifflets a malheureusement noyé dans son déferlement médiatique un des plus beaux concours que la discipline ait connu. Une victoire à 6m03 de Thiago Braz Da Silva qui bat son record de 10 centimètres. Le deuxième, Renaud Lavillenie est à 5m98 avec une barre passée du premier coup. Jamais on avait vu cela. On a peut-être vendu la victoire du perchiste français trop tôt, mais la perche reste une science inexacte et le Clermontois est toujours un des athlètes français les plus médaillés de sa génération.

6. Mahiedine Mekhissi-Benabbad, l’après-coup

Au terme d’un 3000 mètres steeple survolé par le Kényan Conslesus Kipruto (premier en 8’03″28), Mahiedine Mekhissi avait franchi la ligne d’arrivée en quatrième position : derrière Kipruto, l’Américain Evan Jager (8’04″28) et le Kényan Ezekiel Kemboi. Pourtant, dans l’aire d’arrivée, le français lève trois doigts. Il a la conviction que son meilleur adversaire, Kemboi avait lors du quatrième tour empiété sur la ligne et qu’il était donc troisième. La réclamation déposée et la disqualification du Kényan confirmée, Mekhissi a pu monter sur la troisième marche du podium. Il remporte ainsi sa troisième médaille en trois olympiades. Peut être pas de la manière espérée mais le règlement reste le règlement.

Les mentions spéciales

Parce que les médailles en oublient certains et que les trois premiers ne sont pas les seuls à nous avoir marqué, quelques performances méritent d’être citées en supplément.

Le marcheur Yohann Diniz nous a fait une belle frayeur. Sous le soleil impitoyable de Rio, le routard, malade et déshydraté est brusquement tombé alors qu’il était parti sur les chapeaux de roues au début de ce 50 km. Il n’a pas voulu s’arrêter: « Mon disque dur n’était pas calibré pour abandonner » a-t-il expliqué après son hospitalisation au terme de l’épreuve. Ces images étaient à la fois douloureuses et forçaient l’admiration. Plusieurs fois il s’est arrêté, il est tombé, inconscient. A chaque fois il s’est relevé et est reparti. On peut se demander si cela était bien raisonnable. Si l’envie indéfectible de continuer avait coûté bien plus cher au recordman du monde de la distance? La malédiction olympique se poursuit en tout cas pour Yohann Diniz.

Pierre Ambroise Bosse est un quatrième heureux. Ce qui est assez rare pour être souligné. Sa gouaille et son auto-dérision désormais légendaire a permis au demi-fondeur de ravaler sa déception de n’être arrivé que quatrième dans un 800 mètre où il aura tout tenté. Victime d’un manque de jus, pas à la hauteur de ses ambitions de podium, il conclut son double tour de piste en 1’43″41. Heureux de ses jeux olympiques, il aura au moins contribué à rendre son chat Rabs célèbre dans la France entière et prouvé qu’être quatrième pouvait statisfaire un sportif. Rendez-vous à Tokyo.

Dans l’image: Kevin Mayer (Chiara Montesano/trackarena.com)

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